Chap 3: L’automne invite l’hiver à s’installer

« Le repos permet de se préparer à se mettre en action »

Ça y est, les journées sont courtes, le froid et l’humidité s’installent de plus en plus. Je le ressens très bien. Il me suffirait de voyager vers des contrées plus chaudes pour ne pas m’en rendre compte. Mais mes racines sont ici et même si je me trouvais dans d’autres lieux où la température est encore clémente, ici les abeilles commencent leur hivernage. Ce sont des êtres magnifiquement solaires. En dessous de 10 degrés elles sont comme endormies. Leur métabolisme est au ralenti. C’est le soleil qui leur apporte l’énergie de se rendre à leurs tâches quotidiennes pour l’entretien de la colonie. Elles sont si solaires qu’elles sécrètent elles-mêmes la cire qui a permis pendant des siècles d’illuminer le chemin des hommes qui marchaient dans la nuit. Je pense aussi aux bougies dans les lieux de culte qui ont très longtemps permis de rentrer en communion avec nos aïeux.  Les abeilles sont alors les étincelles, les petits bouts de soleil qu’il nous manque pour voir au-delà de la noirceur des zones d’ombres qui nous entourent.

Plus les journées sont courtes et plus les abeilles se resserrent dans ce trou qui leur sert d’abris. En frissonnant elles vont ainsi produire assez de chaleur pour permettre au cœur de la grappe de maintenir  une température de près de 35°C. C’est étonnant pour moi, tout comme d’avoir conscience de l’effort de notre propre corps pour qu’il se maintienne à 37°C. Je me suis entraîné depuis plusieurs semaines maintenant à imaginer ce qu’il se passe à l’intérieur de cette cavité qui accueille la colonie. J’y mets des images tout droit sorties de mon cerveau qui essaient de comprendre ce qu’il peut bien se passer. Et je vois ces abeilles collées les unes aux autres afin de former le manteau d’abeilles permettant de conserver la chaleur qu’elles produisent seules. Elles utilisent les muscles de leur thorax qui, en frissonnant, se contractent et produisent assez d’énergie pour chauffer la grappe d’abeilles qui se prépare à passer l’hiver. Cette chaleur est alors distribuée vers le cœur de la grappe et à l’aide de leurs ailes, elles vont assurer une ventilation et donc une bonne répartition de cette température, socle de leur survie. Je pense avoir compris comment s’organisait ce petit peuple dans ce châtaignier.

 

Cet arbre noble protège cette colonie des intempéries. Un doux mélange d’effluves de cire, de bois, de miel et de propolis s’entrelacent depuis le creux de cet arbre majestueux jusqu’à moi. Par mes narines, ma bouche, mes oreilles ainsi que mes yeux. Tous mes sens sont en éveil près d’elles. Il ne faut pas longtemps pour ne faire plus qu’un avec ce qui m’entoure. 

Aussi loin que je m’en souvienne, le chêne et le châtaignier me sont toujours apparus comme des amis les uns envers les autres, des compagnons qui traversent les temps, les âges. Lorsque j’étais petit, le contact avec le châtaignier me permettait de rêver tandis que celui du chêne me permettait de me concentrer. La châtaigne se cachant dans sa cosse laissait longtemps ma tête imaginer ce que je pouvais y trouver dedans, à me demander, alors que je n’avais que 6 ans, comment ne pas me faire piquer. Cela finissait toujours de la même manière, la douleur pour ensuite sentir la douceur de l’écorce souple et douce de la châtaigne sur mes doigts d’enfant. Il y a maintenant 15 jours j’ai  découvert mon arbre Totem selon les celtes. Il s’agit comme par magie du Châtaignier. 

« Imaginer pour ensuite passer à l’action. Observer pour ensuite se lancer »